La coloration

La coloration

GENERALITES

Les papillons sont parmi les animaux les plus colorés du monde avec les oiseaux et sont, sans nul doute, les insectes qui bénéficient des plus merveilleuses associations de couleurs. De là provient leur grande popularité qui ne joue pas toujours en leur faveur car ils éveillent chez bon nombre d’entre nous des dons de collectionneur.
Cette coloration qui se manifeste dans la couche d’écailles microscopiques qui recouvre les ailes du papillon est le résultat :

  • soit d’un processus métabolique qui aboutit à l’excrétion de substances chimiques, les pigments; on parle alors de coloration par pigmentation
  • soit d’une structure particulière des écailles; on parle alors de coloration structurale

D’une manière générale, les associations de couleurs qui forment les différents motifs des ailes des papillons et qui permettent de les identifier sont d’origine chimique, donc liées à la pigmentation. Par contre, les lépidoptères qui présentent en plus de leur pigmentation de base un éclat métallique ou une coloration irisée, ex. Petit Mars changeant (Apatura ilia) ou Sylvain azuré (Limenitis reducta) le doivent à des facteurs structuraux de leurs écailles. Elles réfractent la lumière et produisent une coloration uniforme qui varie selon l’angle incident de la lumière. Ainsi, les qualificatifs qui composent parfois le nom commun de certains papillons tels que ……..azuré, ………cuivré, ………satiné, ………changeant, etc… font référence à cette spécificité structurale.

Les papillons, bien souvent considérés comme des fleurs volantes, flattent alors notre sens visuel. Mais les couleurs qui les rendent si élégants ne remplissent pas seulement la fonction décorative qu’on leurs connait, mais s’inscrivent dans un programme de camouflage, de reconnaissance entre individus de sexe opposé, de trompe-l’œil, etc….



Le mimétisme

Comme son nom l’indique, le mimétisme consiste à mimer ou à copier soit un environnement pour s’y confondre, soit d’autres congénères réputés inconsommables auprès des prédateurs pour bénéficier de la même protection qu’eux. En effet, le concept du mimétisme repose sur le fait que certaines espèces de papillons au goût déplaisant ou venimeux pour les prédateurs tels que les oiseaux, présentent des couleurs “annonciatrices” du danger que ces mêmes prédateurs savent reconnaitre et de ce fait éviter. Ainsi, d’autres espèces de papillons, totalement inoffensives, peuvent alors développer le même type de coloration pour tirer parti de l’effet répulsif que provoquent leurs congénères vis-à-vis des prédateurs.

Le camouflage est une autre forme de mimétisme et consiste le plus souvent à prendre l’apparence d’un objet inerte et sans intérêt pour un prédateur, telle une feuille morte, un morceau d’écorce, etc…. La plupart des papillons possèdent des couleurs beaucoup plus vives sur la face supérieure de leurs ailes que sur la face inférieure. C’est donc les ailes repliées que le mimétisme est le plus souvent parfait. Dans nos régions, le papillon expert en la matière est incontestablement le Gamma (Polygonia c-album). Ces ailes fortement indentées et de coloration brune sur la face inférieure lui assurent une tenue de camouflage de premier ordre parmi les feuilles sèches ou les fruits en décomposition tombés à terre. Le Silène (Brintesia circe), observable en lisière de bois, peut disparaître totalement de la vue d’un prédateur en se reposant sur un tronc d’arbre les ailes repliées, imitant parfaitement la couleur de certaines écorces. La morphologie du Citron (Gonepteryx rhamni) est semblable à celle d’une feuille, et c’est tout naturellement dans les feuillage que ce papillon trouve refuge. Enfin, pour ne citer que ces quelques exemples, le Petit Sylvandre (Hipparchia alcyone), dont le motif des ailes est très proche de celui du Silène, s’assure une discrétion totale lorsqu’il se pose sur la roche.

La variabilité

Aussi parfaite soit elle, la coloration des papillons peut varier considérablement au sein d’une même espèce, d’un sexe à l’autre ou encore selon les générations.

Certaines espèces de Damiers, d’Erébia ou d’Argus sont affectées d’une grande variation de couleur au point de rendre leur identification peu aisée.

Mais plus spectaculaire encore pour l’observateur non averti, le dimorphisme sexuel est un phénomène génétique fréquent qui peut laisser supposer qu’il est en présence de 2 individus d’espèces distinctes plutôt que d’un mâle et d’une femelle d’une même espèce. Ex. Cuivré fuligineux (Lycaena tityrus) ou encore Azuré des Anthyllides (Cyaniris semiargus) Généralement, les mâles sont de couleurs plus vives que les femelles. Il est probable que la coloration plus foncée des femelles leurs assure une meilleure discrétion et donc une plus grande protection envers les prédateurs, les couleurs vives des mâles trouvant plutôt leur utilité lors de la parade amoureuse.

Enfin, certaines espèces connaissent une grande variabilité de coloration d’une génération à l’autre. L’exemple le plus typique de nos latitudes est celui de la Carte géographique (Araschnia levana). La génération de printemps, dont la couleur de base est orange et qui s’apparente de ce fait plutôt à un “nacré”, diffère profondément de la génération d’été noirâtre que l’on pourrait aisément identifier comme un Petit Sylvain (Limenitis camilla).