Le cycle de vie

Le cycle de vie

Les papillons connaissent tout au long de leur existence une métamorphose complète. La chenille qui éclot de l’œuf diffère en tout point du papillon que l’on peut observer dans la nature. Tout laisse à penser qu’il s’agit de 2 êtres vivants, totalement différents: leur morphologie, leurs couleurs, leurs organes internes. L’imago (papillon adulte) est l’aboutissement d’une longue transformation depuis la ponte de l’œuf, les 2 phases intermédiaires étant le stade larvaire et le stade nymphal.

Ainsi, le cycle de vie de tout papillon se compose de 4 stades distincts:

  • l’œuf
  • la larve (ou chenille)
  • la nymphe (ou chrysalide)
  • l’imago (papillon adulte)

Pour définir cette transformation totale, les papillons sont qualifiés d’insectes endoptérygotes.



Flambé (Iphiclides podalirius)

L’œuf

La morphologie des œufs varie beaucoup d’une espèce à l’autre. Minuscules, de la taille du millimètre, ils peuvent être sphériques, ovales, en forme de tonneaux, aplatis….. mais presque toujours avec une coque nervurée. La femelle prend soin de les pondre sur la plante nourricière de la chenille ou à proximité, généralement sur la face inférieure d’une feuille pour qu’ils soient protégés de la pluie ou du soleil, dans une moindre mesure des prédateurs. Cet exercice nécessite de la part de la femelle, une fois posée sur la plante hôte, qu’elle recourbe son abdomen sous la feuille pour déposer un ou plusieurs œufs.

Pour un observateur, il est possible de repérer une femelle prête à la ponte. Bien souvent, celle-ci vole en stationnaire ou très lentement au ras de la végétation à la recherche d’une plante hôte, puis se pose et plie immédiatement son abdomen.

Les œufs peuvent être pondus à l’unité sur chaque plante nourricière. C’est le cas du Grand Porte-Queue (Papilio machaon) sur les feuilles d’ombellifères ( ex. carotte ) ou accolés les uns aux autres en pastilles. Bien connue des agriculteurs et des jardiniers pour les dégâts que ses chenilles peuvent occasionner aux cultures, la Piéride du chou (Pieris brassicae) en est l’exemple typique. Les œufs sont déposés par dizaines sur le revers des feuilles de choux.

L’incubation varie généralement de 1 à 2 semaines et la couleur des œufs évolue au fur et à mesure du développement de la larve. Chez certaines espèces, les œufs de fin d’été hibernent.



Grande Tortue (Nymphalis polychloros)

La larve (chenille)

A la naissance, la plupart des chenilles dévorent la coque de leur œuf, riche en éléments nutritifs, avant de partir à la conquête de la plante hôte pour la dévorer parfois partiellement ou totalement.

  • Morphologie

Même si les larves varient beaucoup d’une espèce à l’autre quant à leurs couleurs, la présence ou non d’épines et de poils, la structure de base est sensiblement identique.

La chenille se compose d’une tête et de 13 segments. Les 3 premiers correspondent au thorax, chacun d’eux étant muni d’une paire de pattes articulées qui se terminent par une griffe. Les 10 suivants constituent l’abdomen dont 5 portent une paire de fausses pattes. Ces dernières ont une texture molle sans articulation et sont situées sur les troisième à sixième segments. Les fausses pattes positionnées au niveau du dernier segment jouent le rôle de pinces pour s’agripper au support.

Au cours de sa croissance, qui peut varier de 2 semaines à plusieurs mois selon si elle hiberne ou non, la larve connaîtra 4 ou 5 mues et pourra également changer de couleur.

Exemple: la chenille du Grand Porte-Queue (Papilio machaon).

Durant les premiers jours qui suivent sa naissance, elle arbore une robe noire avec une tâche blanche sur le dos et quelques points oranges, ressemblant ainsi à une fiente d’oiseau pour dissuader les éventuels prédateurs. Puis elle devient verte avec des points oranges et des bandes noires, ce qui lui assure une tenue de camouflage assez efficace parmi les feuilles vertes des ombellifères.

La couleur constitue donc un système de défense essentiel pour la chenille. Chez certaines espèces, elle dispose d’un osmatérium derrière la tête, organe dissuasif qui apparaît lorsque la chenille est menacée, de couleur vive et qui dégage une odeur piquante.

  • Mode alimentaire

Les chenilles ont un mode alimentaire très strict, composé parfois d’une seule et unique plante. Si celle-ci vient à manquer, elle mourra de faim plutôt que de s’accommoder des végétaux environnants. Les périodes de nutrition sont entrecoupées de périodes de repos. La chenille cesse de s’alimenter un jour avant chaque mue. Elle quitte parfois la plante hôte un ou deux jours avant la transformation en chrysalide (nymphose) en quête d’un support ou d’une cavité.

  • Mode de vie

Chez certaines espèces comme le Petit Sylvain (Limenitis camilla), le Grand Porte-Queue (Papilio machaon), le Citron (Gonepteryx rhamni)… , la chenille vit solitaire sur la plante hôte sans protection particulière ou, comme pour le Vulcain (Vanessa atalanta), à l’abri d’une feuille d’ortie enroulée à l’aide d’une structure de soie. Pour d’autres comme la Piéride du chou (Pieris brassicae), le Gazé (Aporia crataegi), ou la Petite Tortue (Aglais urticae), la vie s’organise en communauté parfois au sein d’une toile soyeuse. Les effets en sont bien souvent dévastateurs pour les choux des jardins avec la Piéride du chou, pour l’Aubépine avec le Gazé ou pour les Orties avec la Petite Tortue.



Machaon (Papilio machaon)

La nymphe (chrysalide)

La vie larvaire prend fin avec la nymphose. La chenille cesse de s’alimenter 1 ou 2 jours avant la transformation en chrysalide. Selon les espèces, elle quitte parfois la plante nourricière à la recherche d’un support pour s’y fixer ou d’une cavité souterraine, ou encore d’un interstice entre les pierres. Ainsi, la nymphe peut être protégée dans un cocon de soie sous terre ou être à nu, ce qui est généralement le cas lorsque celle-ci est suspendue à un support au-dessus du sol. Dans cette situation, l’unique protection consiste à adopter une couleur adaptée à l’environnement pour s’y confondre.

Exemple : la chrysalide du Petit Sylvain (Limenitis camilla).

La chenille qui se nourrit de Chèvrefeuille se métamorphose sur la plante hôte. La chrysalide, de couleur gris-marron, et parcourue de traces vertes sur le dos, adopte l’apparence d’une feuille morte de chèvrefeuille qui pend à une branche et n’attire donc pas l’attention des éventuels prédateurs.

Les chenilles qui choisissent un support tisse toujours un petit coussinet de soie dans lequel les crochets du crémaster se fixeront pour laisser pendre la nymphe la tête en bas. Pour maintenir la tête redressée vert le haut, la chenille confectionne parfois un anneau de soie dans lequel elle s’introduira.

Dans cette position et immobile durant plusieurs heures, la larve perd peu à peu l’éclat de ses couleurs laissant deviner la transformation en cours. Puis, à la faveur de contractions périodiques, l’épiderme de la chenille se déchire derrière la tête libérant la nymphe et se racornit en direction du crémaster jusqu’à être expulsé. Il faudra quelques minutes à la chrysalide pour sécher et prendre sa forme définitive. Déjà la morphologie du futur papillon est lisible, en particulier l’emplacement des ailes ainsi que celui de l’abdomen matérialisé par des anneaux.

L’état nymphal peut se prolonger 1 à 2 semaines, voire plusieurs mois lors de l’hibernation.

Une pigmentation au niveau des ailes précède toujours la naissance de l’imago, la chrysalide laissant deviner les couleurs du papillon par transparence et signalant ainsi l’achèvement de la métamorphose.



Azuré de la Chevrette (Cupido osiris)

L’imago (papillon adulte)

Comme lors de la nymphose, l’épiderme de la chrysalide se déchire pour libérer tout d’abord la tête de l’imago, qui s’extirpe ensuite peu à peu en délivrant ses pattes et ses antennes, enfin le reste du corps. Le papillon s’immobilise à côté de l’enveloppe vide de la nymphe durant quelques minutes, le temps que ses ailes, à l’origine molles et froissées, se déploient totalement grâce à l’injection du sang dans les canaux. Quelques peu écartées et pendantes pour que celles-ci sèchent et durcissent, il s’envolera ensuite à la recherche de nourriture.

  • Morphologie

Le corps du papillon adulte est construit sur la même base que sa chenille, en 3 parties distinctes: la tête, le thorax et l’abdomen.

La tête porte une paire d’yeux à facettes; une paire d’antennes, organe principalement olfactif, qui se termine en forme de massue chez les papillons diurnes; une trompe par laquelle l’insecte se nourrit de nectar de fleurs, de sève ou encore de liquides provenants de fruits gâtés.

Le thorax porte les éléments moteurs, à savoir les pattes et les ailes. La plupart des espèces de papillons possèdent 3 paires de pattes bien développées. Chez les Nymphalidés, les pattes antérieures, proches de la tête, sont raccourcies et maintenues près du corps. Les ailes composées d’une membrane supérieure et d’une membrane inférieure sont soutenues par un réseau de nervures et recouvertes d’écailles qui se chevauchent à la manière des tuiles sur un toit.

Enfin, l’abdomen se compose de 10 segments, les derniers étant destinés à la reproduction.